A voir les gens se passionner pour des émissions du
style "video-gag" ou tous les bêtisiers venus du monde entier,
on pourrait se demander pourquoi le malheur des autres ne nous afflige guère
plus que cela. Mieux, il serait spectacle. La plupart des phénomènes
se produisirent chez Barnum. Une partie d'entre eux furent les vedettes d'un
film de Tod Browning en 1932 "Freaks". Merveilleux film sur la disgrace
et l'amour. Emouvante aussi l'histoire de John Merrick, l'homme surnommé
"Elephant Man" à cause de sa difformité. Il vivait dans
une foire présentant toutes sortes de monstres humains. Un médecin
l'arracha de là et l'instruit, ce qui lui fit prendre de plus en plus
conscience de sa différence. Un jour, n'en pouvant plus, il se suicida.
Les trois quarts des personnages que vous verrez au fil des pages étaient des gens publics (livres de record ou fêtes foraines). Ils ne pouvaient se passer d'exhibition. Peut-être pour masquer les complexes dus à leurs différences, en gagnant de l'argent, ce qui exorcise bien des défauts. Mais les personnes qui assistèrent aux spectacles de ces phénomènes contribuèrent à leur fortune, ce qui masqua leur infortune. Sans cela, beaucoup n'aurait jamais survécu. Le thème fut repris par Martin Monestier dans son livre "Les Monstres" qui malheureusement n'est plus édité. Le magazine "Le Crapouillot" a repris ces photos dans une ancienne édition (nouvelle série n° 71) supervisée par Martin Monestier. Qui sait si une mise à jour ne sera pas éditée avec les nouveaux monstres d'aujourd'hui; à savoir ceux créés par Tchernobyl.